Envoyez-moi, vos textes, vos phrases écrites, jetées avec ou sans soin, avec ou sans relecture.
Envoyez-moi vos écrits, juste pour déposer les sentiments et les émotions, juste pour partager.
A chaque seconde, chaque minute
Une idée arrive comme un uppercut
Une raison, une passion
Fais une réapparition.
Pour combien de temps
Pour quelle raison
Je ne me connais pas autant
Pour trouver la solution.
Toute cette effervescence, toute cette frénésie
M’irrite tellement, me met en inertie
Que j’en perds cette joie de vivre
Que je la regarde partir...
Que se passe-t-il au niveau émotions
Qu’ont-ils réellement détruit
Avec leur simple manipulation
Ils m’ont misérablement anéantie...
Je voulais vous faire part de mon avis sur l'écriture d'un poème.
Qu’est-ce qu’un poème ? Des mots sur une émotion, une joie, un souvenir, une tristesse, un événement, une chanson, un amour, une amitié ? La vie en quelque sorte.
Si vous écrivez un poème, laissez couler les mots.
L'an dernier, je suis parti en vacances seul à Limoges pour faire le break entre ma vie professionnelle et la retraite.
À Limoges coule la Vienne, la rivière. J'étais assis sur un banc et la regardais la rivière. Les mots me sont venus. Les voici.
COULE LA VIENNE
Au Pont Saint-Étienne près du jardin de l’Évêché
Tu te prélasses, tu te laisses emporter
Par le courant d’une onde très pure
Malgré ces innombrables annelures
Plus loin, là-bas, vers Aixe
De vieilles maisons, vive l’urbex
Nonchalante, tu les ignores
Et tu rêves d’un vieux port
L’été, tes rives ensoleillées
Tu cherches ton chemin, entravée
Tu zigzagues d’un côté à l’autre
Tu salues les riches et les plus pauvres
Le soir, tu t’étires sous le regard de la lune
Qui se moque de la jalousie de Neptune
Puis, fatiguée, tu ralentis, tu profites
Sans te soucier de l’émotion que tu suscites
Cette ode, je te la dédie, tu la mérites
Même si, de toi, je suis néophyte
Tu resteras longtemps gravée dans mon cœur
Et je prie pour que jamais tu ne meurs
Maman,
10 ans que tu es partie
Sans un bruit
Et entourée
Par des êtres aimés.
La perte de celle qui nous a donné la vie
Est une pure folie
Pas d’autre choix que de l’accepter
Pour avancer.
10 ans de souvenirs
Qui ne cesse de revenir
À chaque étape de ma vie
C’est ce qui nous lie.
Tes 3 petits-enfants
Sont devenus grands
Et ils ont toujours en tête
Les histoires de leur nènène.
Ces quelques mots pour dire
Que tu continues de vivre
À travers nos souvenirs
Qu’on ne laisse pas partir.
Je t’aime Maman "
Parfois, la douleur est trop grande pour rester silencieuse. Ce que je vais partager est personnel, fragile, mais peut-être que ça résonnera quelque part. Parce que personne n’est à l’abri. Parce qu’on ne parle pas assez de ce que vivent les familles quand l’un des leurs sombre.
Peut être que quelqu'un aura une idée. Pour lui ou pour d'autre.
Il y a un an, ma vie a basculé.
Avais-je vu quelque chose venir ?
Oui… et non.
Des doutes un jour.
Des questionnements parfois.
Mais jamais, jamais je n’aurais imaginé l’impensable.
Et pourtant… ce soir-là, il a fondu en larmes dans la voiture. Lui c'est mon fils, 31 ans.
Je lui ai demandé s’il voulait parler.
Je suis montée chez lui.
Et mon monde s’est effondré.
Cocaïne.
Tenir.
Rester forte.
Rester une maman.
Le rassurer alors que je meurs de peur.
Le consoler alors que j’ai envie de hurler.
Lui dire que ça va aller… alors que je n’en ai pas la moindre idée.
Ce soir-là, j’ai compris que la vie ne bascule pas toujours d’un seul coup.
Elle vacille. Elle tremble. Elle envoie des signaux…
Mais parfois, on ne les voit pas.
Pendant des semaines, j’ai cherché à comprendre.
Comment ? Pourquoi ?
Est-ce que j’ai raté quelque chose ?
Est-ce que j’ai échoué ?
Mais mon enfant avait besoin d’une chose, et d’une seule : ma présence. Pas mes questions. Pas mes jugements.
Accueillir en toute bienveillance. Soutenir.
Il vit avec un présumé TDAH.
Un trouble qui bouleverse les émotions, le rapport au monde, à l’effort, à soi-même.
Un trouble que peu comprennent vraiment.
Mon enfant, parce que oui à 31 ans on reste l'enfant de ses parents, est un être sensible, brillant, artiste, autodidacte, à la fois libre et prisonnier de ce qui bouillonne en lui.
Mais depuis un an, l’ombre a gagné du terrain.
La Cocaïne.
L’alcool.
Les addictions.
Et l’impuissance… pour nous, ses parents.
Ce soir-là, il m’a demandé un délai.
Six mois.
Jusqu’à la fin de l’été.
Un été qui n’avait même pas encore commencé, alors que ce soir-là, nous fêtions la fin de l’hiver en brûlant le bonhomme Hiver lors du grand feu.
Et ta fiancée ? Elle est au courant. Elle s'en accommode tant que ce n'est pas devant elle.
Trahison. Elle et moi sommes fusionnelles. Nous parlons de tout. Pourquoi n'a t elle rien dit. Je l'aime. Je les aime autant que je les déteste.
Six mois… Dieu que cela allait être long.
Et j’étais encore loin d’imaginer que le plus difficile ne faisait que commencer.
30 septembre.
Nous partons tous ensemble à une conférence sur le TDAH.
Espoir. Un déclic, peut-être ? Des réponses ?
90 % des personnes concernées présentent des addictions, nous dit-on.
Oui, je sais, ce ne sont pas des excuses… je ne lui en cherche pas, mais comprendre, c’est déjà un début.
Il est là, mais je crois qu’il a encore consommé.
De l’argent a disparu, encore une fois.
Sa compagne est là aussi, mais on sent qu’elle n’en a pas envie.
On part plus tôt. L’atmosphère est lourde.
Puis, elle me dit : « Je m’en vais. »
Elle a voulu lui parler, il ne l’a pas laissée faire.
Je lui dis « On ne part pas pour ça… on ne baisse pas les bras ainsi… »
Mais si, elle part.
Il ne veut plus me parler non plus.
Moi qui voulais lui montrer qu’on s’intéressait à ce qu’il vit, à ce qu’il traverse…
Ce départ fut le premier d’une longue série.
Elle m’a déçue. Une deuxième fois.
Elle, la belle-fille si — trop ? — parfaite.
S'ensuivent des départs. Des retours. Des dîners de St Valentin alors qu'ils sont séparés et elle de nouveau en couple.
Ce n'est pas sain.
Ça n'aide pas.
Et moi j'appelle. Partout. Tout le monde. Inspecteur de la PJ. Infordrogue. Ramdam. Phoenix. Ombrage. Zephyr. AL Anon. Beauvallon. J'écris aux centres fermés. À Auvelais. Ottignies. Un pass dans l'impasse.
Au plus j'appelle au plus je le sens seule.
Octobre.
Comment allons-nous gérer : lui, dans l’appartement au-dessus, et en bas, notre petit resto éphémère qui ouvre chaque week-end jusque janvier ?
Rester dignes. Professionnels. Commerçants.
The show must go on, comme on dit.
Chaque vendredi, on ouvre avec la peur au ventre.
Est-ce que ça va aller ? Ou pas ?
Une crise ? Une scène ?
La semaine, on marche sur des œufs. Il souffle le chaud et le froid.
Il faut approuver tout, ou bien s’excuser d’avoir dit ce qu’il ne voulait pas entendre.
La nuit, on dort quand il est chez nous.
On s’inquiète quand il veut rentrer chez lui.
A chaque réveil c'est pareil : était-ce un cauchemar ? Et non la réalité revient plus cruelle de jour en jour.
Parfois, nous sommes les meilleurs parents du monde.
D'autres fois, les pires.
Elle, sa compagne, lui fait du mal — il le dit. Mais il ne faut pas en parler, juste écouter ses louanges.
Sans rien dire. Elle partira définitivement en plein sevrage. Je reste avec lui jour et nuit pendant une semaine car il ne veut pas être hospitalisé et on ne peut pas l'y obliger.
Des moments de mieux. On se réjouit.
Puis tout repart.
Des tentatives de suicide.
Des disparitions d’argent.
Des promesses… suivies de rechutes.
Des nuits à ne pas dormir. À guetter. À espérer.
Un jour, on pense qu’il revient à la surface.
Le lendemain, il replonge.
Un jour, on réussit à le faire consulter. Il revient à la maison.
On le nourrit, on le cajole.
Il va mieux. Alors, il repart.
Et retrouve ses démons.
Une nouveauté pourtant : il semble mieux réguler ses émotions.
Mais un jour, il y a une semaine, tout explose.
Insultes. Menaces. Coups portés aux meubles. Il me secoue. Pour la première fois j'ai peur.
La police. Le cachot.
Et cette sensation terrible d’être pointée du doigt… alors que je n’ai rien fait, rien demandé.
Je n’ai pas appelé. Je n’ai pas porté plainte.
Mon médecin l'a fait.
Il m'en veut. Il ne veut plus que je fasse partie de sa vie.
Il veut ses parts de la société.
Je suis enfermée chez moi depuis jeudi. Il menace de mettre le feu à la maison, avec moi et mes chiens.
Cette fois, tout va trop loin.
On est perdus, dépassés. Seuls aussi.
Parce que s'il suffisait d'aimer pour sauver ce serait plus simple.
Je partage tout cela aujourd’hui, parce que le silence fait trop de mal.
Parce qu’on pense souvent que ça n’arrive qu’aux autres. Parce que non il n'a pas été élevé dans ces valeurs.
Parce qu’on n’imagine pas ce que vivent les parents quand leur enfant s’effondre.
Aimer ne protège pas de tout.
L’amour seul ne suffit pas.
Et parfois, il faut poser des gestes qui brisent le cœur.
Lâcher prise.
Pour survivre.
Pour ne pas sombrer avec lui.
Aujourd’hui, je vais entamer un travail avec une thérapeute familiale. Virginie je l'ai choisie car son visage me rappelle une amie. Drôle de critère direz-vous.
Communiquer. Refaire un lien. Voir où j'ai fauté. Personne n'est armé ou outillé contre ça. Des bêtises certainement j'en ai dites. Une pro m'aiguillera. J'y mets mon espoir. Le dernier peut-être.
Pour retrouver de la clarté, recoller les morceaux de mon cœur.
Pour redevenir forte.
Pour soutenir mon fils autrement.
Pour renouer le dialogue avec mon mari, qui souffre tout autant, différemment… et qui, peut-être, aura plus de mal à pardonner.
Et surtout, pour sauver ce qui peut, je l'espère, encore l’être : notre fils. Notre famille.
Ce n’est pas un appel à la pitié.
Seulement un cri étouffé qui sort enfin.